TRILOGIE
SCENES INEDITES
INDIANA JONES 4 & 5
ACTEURS/ACTRICES
ARTWORKS FILMS
SERIE TV

CHRONOLOGIE
UNIVERS ETENDU
GALERIE ARTISTES
CREATIONS DE FANS
CINEMA EPIQUE
INDYSPLOITATION


Le 16 septembre 1981, Les Aventuriers de l'Arche perdue sort dans les salles obscures françaises. L'expérience débute par le sigle de la Paramount (le pic auréolé d'étoiles) s'estompant pour laisser place à un horizon montagneux, une marque de fabrique indélébile. Un souffle épique parcourt alors l'écran tandis qu'un héros de légende prend vie. Deux cinéastes du nouvel Hollywood réactualisaient le cinéma d'aventures de jadis.
Le personnage d'Indiana Jones (en fait, Henry Jones Jr, Indiana étant le nom de son chien) se définit comme le héros type de pulps, comics et serials, une synthèse entre Tintin, James Bond, Zorro et Tarzan. Ses deux personnalités sont bien distinctes : il est le fougueux archéologue passionné par les antiquités et terrorisé à la vue d'un serpent, qui laisse son attirail quelque temps pour redevenir le paisible et discret professeur d'histoire de collège et d'université. Sa panoplie est désormais célèbre : il est coiffé du fédora, une cicatrice se dessine sur son menton, porte un blouson de cuir, un pistolet à la hanche et une sacoche sur laquelle est enroulé son fouet. Ses nombreux exploits décrivent sa quête souvent mystique pour le bien et sa lutte contre les pires ennemis de l'humanité qui veulent  dominer le monde par tous les moyens. Il évolue dans un univers où les plus grandes légendes et mythes (grecs, égyptiens, indiens) ou les écrits de la Bible viennent se mêler à la réalité historique.

LES AUTEURS
STEVEN SPIELBERG
Né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio), Steven Allan Spielberg est le fils d'Arnold Spielberg, reconnu pour être le créateur d'un ordinateur à l'origine du langage Basic. Son intérêt pour l'art cinématographique s'éveille à l'âge de 12 ans où il tourne une série de métrages avec une caméra 8 mm pour certains : The Last Gunfight, Escape to Nowhere, Battle Squad et Firelight, une ébauche de Rencontres du 3ème type. Refusé dans une prestigieuse école de cinéma en raison de notes médiocres, il s'inscrit à l'Université d'Etat de Californie de Long Beach. En 1968, son court métrage Amblin remporte des prix et lui permet d'intégrer les studios de télévision Universal. Engagé pour un contrat de 7 ans, le jeune téléaste signe des épisodes de Night Gallery, imaginée par Rod Serling (La 4ème dimension) et de Columbo. En 1973, sa carrière prend une tournure plus sérieuse grâce à l'angoissant téléfilm Duel inspiré par le romancier Richard Matheson. L'audience est surprenante au point d'engendrer l'exploitation d'une version plus longue dans les salles de cinéma. L'année suivante, son premier film Sugarland Express est une nouvelle fois plébiscité en dépit de l'échec commercial et instaure surtout le début d'une longue et fructueuse collaboration avec le compositeur John Williams. Le réalisateur persévère en dirigeant Les Dents de la mer (1975), l'adaptation du roman de Peter Benchley. Un premier volet qui ouvre l'ère du blockbuster et provoque une véritable psychose sur les plages.
Après cet immense phénomène et durant les décennies suivantes, le metteur en scène enchaînera les succès publics et critiques tout en se montrant éclectique dans ses choix artistiques et narratifs. Rencontres du 3ème type (1977), la saga Indiana Jones (co-créée avec George Lucas), E.T. (1982), Jurassic Park (1993, co-écrit avec l'auteur Michael Crichton) ou Minority Report (2002, d'après Philip K. Dick) se revendiquent comme des divertissements spectaculaires, fantaisistes et populaires. A l'inverse, La Couleur pourpre (1985), Empire du soleil (1987), La Liste de Schindler (1993), Il faut sauver le soldat Ryan (1998) ou Arrête-moi si tu peux (2002) inscrivent le drame humain parfois intimiste dans une réalité historique. A titre de records, E.T. est resté au sommet du box-office pendant 11 ans avant d'être détrôné par Jurassic Park tandis que La Liste de Schindler et Il faut sauver le soldat Ryan demeurent les films les plus récompensés de sa carrière.
Outre son métier de réalisateur, Spielberg tient également le rôle de producteur aux côtés de Frank Marshall et Kathleen Kennedy, dans la société Amblin Entertainment inaugurée en 1980. Celle-ci ayant produit des œuvres cultes telles que Poltergeist (1982) de Tobe Hooper, Gremlins (1984) de Joe Dante, Retour vers le futur (1985) de Robert Zemeckis ou la série Histoires fantastiques (1985-1987). En 1994, il s'est associé avec les producteurs Jeffrey Katzenberg et David Geffen pour fonder la compagnie DreamWorks SKG. Admirateur de cinéastes comme Alfred Hitchcock, Akira Kurosawa ou David Lean, Steven Spielberg est devenu l'une des figures incontournables du nouvel Hollywood, un brillant artiste du 7ème art dont la passion se reflète dans une filmographie aussi riche qu'exemplaire.
GEORGE LUCAS
Né le 14 mai 1944 à Modesto en Californie, George Walton Lucas Jr. passe sa jeunesse à se façonner une culture des comics et des serials. Suite à un accident de la route, son rêve de devenir pilote automobile prend fin et en 1966, il intègre la section cinéma de l'Université de Californie du Sud dont il sort diplômé. L'année suivante, le réalisateur amateur débute avec quelques courts métrages dont THX 1138 4EB, un récit d'anticipation expérimental qui est présenté lors d'un festival de films d'étudiants où il rencontre un jeune Steven Spielberg. En 1971, le concept est développé pour THX 1138 qui devient son premier long métrage. Lucas quitte alors American Zoetrope, une société de production fondée en association avec Francis Ford Coppola et inaugure Lucasfilm, sa propre firme qui finance son second film American Graffiti (1973) ayant pour thématique, la génération rock n'roll. Faute de pouvoir adapter Flash Gordon pour des questions de droits, il met en images l'univers de Star Wars qui mélange space opera, Japon féodal, western et mythe arthurien. L'épisode fondateur sort en 1977 et s'inscrira dans une trilogie qui s'achève en 1983. La saga trouve bientôt un prolongement souvent calamiteux dans Holiday Special, les spin-offs sur les Ewoks et les séries animées. En 1999, Lucas reviendra derrière la caméra afin de diriger la prélogie qui se terminera en 2005.
L'autre saga importante marque sa collaboration avec son ami Steven Spielberg pour donner naissance au personnage d'Indiana Jones qui accomplit ses exploits dans cinq volets (ou pentalogie) et une série télévisée entre 1981 et 2023. En marge de ces licences lucratives, Lucasfilm produit Labyrinthe (1986) de Jim Henson et Willow (1988) de Ron Howard, deux contes de fantasy qui obtiennent un certain succès au contraire d'Howard (1986) de Willard Huyck, qui est un désastre économique. Lucasfilm diversifie également ses activités avec l'émergence d'Industrial Light & Magic en 1975, filiale avant-gardiste sur les effets spéciaux et d'une notoriété incontestable. L'entreprise investit aussi dans le secteur du jeu vidéo avec Lucasfilm Games en 1982 (renommé LucasArts en 1990) et à partir de 1983, développe le label sonore THX pour les salles de cinéma. En 2012, George Lucas a finalement vendu sa compagnie au géant Disney qui s'est empressé de faire revenir la franchise Star Wars sur le grand écran.

LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE
En 1973, George Lucas est marqué par l'image de Zorro sautant d'un cheval à un camion, une scène tirée de Zorro Rides Again (1937) et veut rendre hommage aux serials des années 30-40 qui étaient diffusés dans les salles avant un film. Dans son format, le serial est proche du feuilleton et s'apparente à un long métrage découpé dont chaque segment s'achève sur un suspense, incitant le spectateur à revenir la semaine suivante. Lorsqu'il se met à l'écriture de The Adventures of Indiana Smith, Lucas s'inspire de Zorro pour son côté manieur de fouet ainsi que d'autres héros comme Tim Tyler's Luck (Richard le téméraire), Don Winslow of the Navy, Spy Smasher, Masked Marvel, Tailspin Tommy et Commando Cody. Le patronyme de son personnage est formé d'Indiana, le nom de sa chienne malamute (également une inspiration pour Chewbacca) et de Nevada Smith, le cow-boy incarné par Steve McQueen. Lucas disserte avec Philip Kaufman qui propose l'Arche d'Alliance (artefact au symbole religieux) comme objet de convoitise entre un archéologue globe-trotter et des nazis dans la période de l'avant-guerre. Il abandonne temporairement le concept pour se concentrer sur Star Wars tandis que Kaufman dirigera L'Invasion des profanateurs (1977) puis L'Etoffe des héros (1983). Plus tard, Kaufman sera cité comme l'un des concepteurs de l'histoire.
Sur une plage hawaïenne en 1977, Steven Spielberg vient de terminer le montage de Rencontres du 3ème type et exprime le souhait de réaliser un James Bond. Venant d'apprendre le succès inespéré de La Guerre des étoiles, George Lucas lui fait part du projet de son film d'aventures où un certain Indiana Smith part en quête d'un fabuleux trésor. Spielberg lui préfère le nom de Jones et se montre plutôt réticent lorsque Lucas lui parle d'une trilogie dont il affirme avoir déjà écrit les suites pour convaincre son ami. Il s'avérera plus tard que Lucas avait menti. Après quelques mois, Lucas propose à Spielberg de mettre en scène le long métrage alors que celui-ci va s'atteler à la réalisation de 1941 qui sera un véritable échec au box-office.
Lucas et Spielberg sont en désaccord sur la nature du personnage. Le premier le voit comme un dandy séducteur et estime que l'opposition entre le professeur et le baroudeur le rend assez complexe tandis que le second prend pour modèle le côté sombre du cynique et alcoolique Fred C. Dobbs joué par Humphrey Bogart dans Le Trésor de la Sierra Madre (1948). Spielberg est également enthousiasmé par L'Homme de Rio (1964) de Philippe De Broca avec Jean-Paul Belmondo dont certaines scènes sont directement reprises des péripéties de Tintin dans L'Oreille cassée. Il veut intégrer des pièges comme l'immense boule menaçante de Voyage au centre de la Terre (1959) d'Henry Levin ou de Les 7 cités de Cibola (1954), une aventure de Picsou signée Carl Banks. Quant au style vestimentaire, David Jones joué par Alan Ladd dans Le Défilé de la mort (1943) et Harry Steele incarné par Charlton Heston dans Le Secret des incas (1954) serviront de modèles à la costumière Deborah Nadoolman.
Auteur du script de L'Empire contre-attaque et réalisateur de Silverado, Lawrence Kasdan est choisi pour rédiger le scénario basé sur l'histoire de George Lucas et Philip Kaufman, insérant au passage quelques références à des classiques comme Casablanca (1942) ou Citizen Kane (1941). Dans une version du script, Spielberg suggère que le major Belzig (renommé plus tard Toht) soit équipé d'un bras robotique avec mitrailleuse/lance-flammes et d'un œil artificiel éclairant mais Lucas trouve l'idée trop farfelue. Les artistes conceptuels Jim Steranko, Joe Johnston, Ron Cobb, et Michael Lloyd sont bientôt embauchés pour travailler sur les différents visuels avec le renfort d'Ed Verreaux et David J. Negron pour les storyboards.
Pour le rôle principal, des centaines d'acteurs dont Peter Coyote, Tim Matheson ou Mark Harmon passent un entretien ou une audition et le choix des deux complices s'arrête sur Tom Selleck. Mais ce dernier est lié par contrat à la série Magnum (qui s'étalera sur 8 saisons) dont le tournage doit débuter prochainement. Une rumeur supposerait qu'en fait, Glen A. Larson, le producteur de la série aurait voulu parasiter le projet de Lucas qui lui avait fait un procès pour plagiat suite à la diffusion de Galactica. Pour l'anecdote, Tom Selleck parodiera le personnage dans un épisode de Magnum intitulé A la recherche de l'art perdu. La place est toujours vacante et en visionnant L'Empire contre-attaque, Steven Spielberg décide d'insister sur le profil d'Harrison Ford qui vient de refuser le rôle de Dallas dans Alien. Réticent depuis le départ, Lucas se laisse finalement convaincre et Ford troque bientôt son blaster contre un fouet. Spielberg souhaite engager sa compagne Amy Irving mais celle-ci n'est pas disponible pour interpréter la pétillante Marion Ravenwood. Parmi les nombreuses postulantes, Debra Winger, Barbara Hershey et Jane Seymour ne sont pas retenues puis Sean Young et Karen Allen passent des essais avant que cette dernière soit retenue. Danny DeVito est d'abord pressenti pour camper le fidèle Sallah qui aura finalement les traits de John-Rhys Davies. De Vito sera engagé plus tard pour le dyptique A la poursuite du diamant vert. Pour jouer le rival français Belloq, Spielberg considère Giancarlo Giannini puis Jacques Dutronc (qui ne parlait pas anglais) avant de porter son choix sur Paul Freeman.
Pendant le tournage, Harrison Ford exécute certaines cascades et pour les plus dangereuses, la production fait appel au professionnel Vic Armstrong. La scène du duel entre Indy et le manieur de sabre égyptien dans une rue du Caire est modifiée. Ecrasé par la chaleur, Steven Spielberg veut boucler les prises de vue et décide d'abréger en faisant dégainer le personnage d'Harrison Ford (atteint de problèmes gastriques) qui a une attitude très peu chevaleresque. Trois séquences sont retirées pour des raisons budgétaires mais seront recyclées pour le film suivant : le médaillon de Ra était divisé en deux parties dont l'une était détenue par Marion tandis que l'autre était enfermée dans un musée à Shanghai. Indy y affrontait le général Hok et ses sbires puis déclenchait le système d'alarme ayant la forme d'un gong géant. Après avoir récupéré la précieuse relique, Indy s'endormait dans un avion abandonné par ses occupants en plein vol et sautait avec un canot gonflable pour dévaler les montages de l'Himalaya jusqu'au bar de Marion. Dans la scène finale sur l'île, Indy et Marion se sauvaient dans un wagonnet pour échapper aux nazis. L'équipe des effets spéciaux d'Industrial Light and Magic réalise des prouesses en combinant maquettes, matte-painting et maquillages grâce à l'expérience des artisans Richard Edlund, Lorne Peterson, Alan Madley ainsi que l'apport de jeunes talents comme Tom St Amand et Chris Walas.
Tournage du 23 juin au 2 août 1980. Budget : 18 millions de dollars.
- Hawaï, île de Kauaï > scènes de la jungle amazonienne
- Etats-Unis, Californie :
Stockton > collège Marshall
San Anselmo > maison d’Indy
San Francisco City Hall > escalier avec Indy et Marion
- Tunisie :
El Kaiouran > Le Caire
Tozeur > site de Tanis
- France, La Rochelle > port du cargo Bantu Wind et base sous-marine
- Angleterre, Studios d’Elstree > temple Chachapoyan, collège Marshall, bar Raven, salle de la maquette, puits des âmes et île de la cérémonie

Tom Selleck lors d'un essai avec Sean Young et dans l'épisode parodique de "Magnum"

INDIANA JONES ET LE TEMPLE MAUDIT
Pour la seconde aventure, Lucas et Spielberg souhaitent que la tonalité soit plus sombre. Lucas situe l'histoire en amont du précédent pour éviter la redondance avec les nazis et imagine une séquence d'ouverture où Indy aux commandes d'une moto est pris en chasse sur la grande muraille de Chine. L'intrigue présente la découverte d'une vallée perdue abritant des dinosaures et une autre ébauche implique le mythe chinois du Roi des singes (Sun Wukong). De son côté, Spielberg veut ramener Marion Ravenwood et son père Abner. Suite au refus des autorités chinoises concernant le tournage, Lucas s'oriente vers le thème du château hanté en Ecosse mais Spielberg marque son désaccord à cause des ressemblances avec Poltergeist (1982) qu'il vient de produire. Le cadre change totalement pour se dérouler dans un temple démoniaque en Inde et Lucas réfléchit au concept du culte religieux impliquant esclavage d'enfants, magie noire et sacrifice rituel humain. Cette tendance plutôt négative ne plaîra pas à l'Inde qui refusera d'accueillir l'équipe du tournage contrainte de s'installer dans les paysages du Sri Lanka.
Lucas engage de nouveau Willard Huyck et Gloria Katz qui avaient scénarisé son film American Graffiti (1973). Le tandem possède une solide connaissance de la culture indienne et puise quelques références dans Gunga Din, un roman de Rudyard Kipling adapté à l'écran par George Stevens avec Cary Grant. Lucas propose une jeune princesse en tant qu'acolyte mais cette idée ne plaît ni à Spielberg ni aux scénaristes. Les personnages de Willie Scott et Short Round (Demi-lune, un clin d'œil au Tchang de Tintin) prennent bientôt forme dans un premier jet intitulé Indiana Jones and the Temple of Death. Après plusieurs remaniements, le titre Temple of Doom est validé, les rôles du capitaine Blumburtt, de Chattar Lal et du prince Maharaja ont moins d'importance, les scènes de chasse au tigre et du combat aérien sont supprimées ainsi que le concept des Thugs devenant des zombies surhumains après avoir bu le sang de Kali. D'autres sources d'inspiration non citées reflètent cette ambiance d'exotisme indien : le diptyque Le Tigre du Bengale/Le Tombeau hindou (1959) réalisé par Fritz Lang ainsi que le serial Perils of Nokya (1942) mettant en vedette l'intrépide Nokya Gordon jouée par Kay Aldridge. Pour incarner la chanteuse Willie Scott, plusieurs actrices sont auditionnées dont une certaine Sharon Stone qui trouvera un rôle équivalent dans le diptyque Allan Quatermain produit par la Cannon. Kate Capshaw et Ke Huy Quan sont finalement retenus pour devenir les compagnons d'infortune du héros. L'actrice interprétera la chanson de Cole Porter en mandarin lors de l'ouverture musicale.
Tournage du 18 avril au 26 août 1983. Budget : 28 millions de dollars.
- Macao > rues de Shanghai
- Sri Lanka, Kandy > village Mayapur et scène du pont de cordes
- Angleterre :
Royal Horticultural Hall,  Londres > Club Obi-Wan
Studios d’Elstree > palais de Pankot, temple de Kali et mine des enfants-esclaves

Indy et ses pères

INDIANA JONES ET LA DERNIERE CROISADE
La conception du troisième opus se révéle plus laborieuse. Lucas revient d'abord avec son récit de maison hantée dont le scénario est écrit par Diane Thomas qui avait signé A la poursuite du diamant vert (1984) mais le refus de Spielberg est catégorique. Lucas couche donc quelques idées comme le prologue avec un rite païen sur le Graal suivi de la quête d'un artefact chrétien en Afrique. Il propose Indiana Jones and the Monkey King où Indy enquête sur un spectre en Ecosse avant de découvrir la fontaine de jouvence en Afrique.
Scénariste connu pour les productions Amblin, Chris Columbus est embauché afin de parfaire l'intrigue dont le point d'orgue devient le jardin des pêches d'immortalité. L'histoire prend place en 1937, Indy affronte le fantôme meurtrier d'un baron écossais puis se rend au Mozambique pour aider le docteur Clare Clarke à retrouver un pygmée très âgé. Indy, Clare et Scraggy Brier, un vieil ami d'Indy croisent le chemin des nazis. Indy meurt dans la bataille mais il est ressuscité par le Roi des singes. Les autres protagonistes sont le sergent nazi Gutterbuhg (équipé d'un bras mécanique), l'étudiante Betsy et le pirate Kezure. Dans la version suivante, le Roi des singes apparaît comme le principal méchant qui entraîne Indy et son adversaire Dash dans une gigantesque partie d'échecs aux conséquences mortelles. Par la suite, Indy se bat contre les morts-vivants, détruit le sceptre du Roi des singes et épouse Clare. Peu enthousiastes, Lucas et Spielberg abandonnent Monkey King en raison de sa vision négative des africains et d'éléments trop irréalistes.
Steven Spielberg suggère alors de présenter le père d'Indy et de mettre en avant leur relation. Il pense immédiatement à Sean Connery pour le rôle même si il garde en mémoire Gregory Peck en cas de refus. Le comédien accepte mais ce personnage de vieil aristocrate bourru ne lui convient pas et il fait diverses suggestions afin de le rendre plus humoristique notamment la scène du parapluie avec les mouettes. Lucas fixe le Graal comme objet de recherche et Spielberg engage Menno Meyjes qui a scénarisé plusieurs de ses films. Durant le prélude au Mexique, Indy se bat pour la possession du masque mortuaire de Montezuma avec un homme entouré de gorilles. Indy part ensuite rechercher son père à Montségur où il rencontre une religieuse appelée Chantal. Leur trajet les mène à Venise, Istanbul et Petra où ils retrouvent Sallah et Henry Jones. Durant la scène finale, le Graal a un effet fatal sur l'officier nazi mais ouvre la voie du paradis à Henry. La seconde version place une antagoniste féminine Greta von Grimm, une dirigeante nazie face à Indy qui doit aussi se battre, armé d'une dague contre un démon sur le site du Graal.
Pour la troisième mouture, Spielberg confie le script à Jeffrey Boam, scénariste de L'Aventure intérieure (1987). Celui-ci met l'accent sur la relation père-fils et situe l'histoire en 1939. La scène d'ouverture montre Indy récupérant une relique aztèque pour un conservateur de musée au Mexique avant de s'enfuir dans un train-cirque. Henry et Elsa travaillent pour la fondation de Walter Chandler tandis que Kemal, un agent de la république de Hatay cherche le Graal pour son compte personnel. Kemal tire sur Henry et meurt en buvant dans le mauvais calice. Spielberg et Lucas reviennent sur le prélude en optant pour un jeune Indy chez les scouts. Les réécritures se succèdent où Elsa puis Walter Chandler subissent le même sort que Kemal dont la vocation est maintenant de protéger le Graal. A l'intérieur du temple, Indy sauve son père qui chute en tentant de rattraper le Graal. Les dernières modifications sont faites par Tom Stoppard et concernent les changements de nom (Chandler/Donovan, Kemal/Kazin) ainsi que les trois épreuves voulues par Spielberg. Une autre idée écartée était de faire intervenir Abner Ravenwood, le père de Marion dans le prélude. Quant à la distribution, Julian Glover (vu en méchant dans Star Wars et un James Bond) est rapidement engagé tandis que Spielberg préfére la débutante Alison Doody à l'actrice allemande Gudrun Landgrebe. Pour incarner le gardien du Graal, Sir Laurence Olivier est envisagé mais il décline l'offre pour raisons de santé.
Tournage du 16 mai au 30 septembre 1988. Budget : 48 millions de dollars.
- Espagne, Andalousie :
Plage de Monsul, Almeria > scène des mouettes
Bellas Artes > palais du sultan de Hatay
Guadix, Grenade > gare d’Iskenderum
Désert de Tabernas, Almeria > poursuite dans le canyon
- Etats-Unis :
Utah, parc national des Arches > scène d’ouverture dans les rocheuses
San Francisco, Californie, Administration Building - Treasure Island > aéroport de Berlin
- Angleterre :
Ecole Stowe, Buckinghamshire > rassemblement nazi
Royal Masonic School de Rickmansworth > collège Barnett
Studios d’Elstree : cargo portugais, appartement Donovan, intérieurs (bibliothèque, château, temple), catacombes
- Italie, Venise :
San Barnaba di Venezia > bibliothèque
Hôtel Danieli > appartement d’Indy
- Allemagne, château de Bürresheim à Mayen > château de Brunwald
- Jordanie, Le Khazneh à Petra > extérieur temple du Graal

-L'AVIS DU WEBMASTER
La trilogie est réalisée par Steven Spielberg. George Lucas est cité au générique comme producteur exécutif tandis que Frank Marshall et Robert Watts sont crédités en tant que producteurs de la saga par le biais de Lucasfilm fondée en 1971.
En 1981, Les Aventuriers de l'Arche perdue renoue avec la tradition du grand cinéma d'aventures tout en proposant un hommage palpitant aux serials d'antan. Le retour de la grande aventure scandé par le slogan publicitaire n'apparaît pas ici galvaudé. Les premières images donnent le ton en iconisant le héros qui révèle son visage lorsque le danger se présente à lui. Le scénario bétonné aligne les scènes spectaculaires au suspense haletant et les morceaux de bravoure au rythme effréné sans négliger la nécessaire pointe de romantisme. Les acteurs se montrent particulièrement impliqués. Harrison Ford s'approprie le personnage en y apportant tout son charisme et sa fougue sur le modèle des figures d'antan comme Stewart Granger, Errol Flynn ou Tyrone Power. Face à lui, Karen Allen parvient à s'imposer en parfait alter-ego féminin et le tandem s'oppose à des adversaires souvent coriaces voire cruels. Certaines séquences sont désormais anthologiques tel ce moment où Indy brave les pièges du temple amazonien. En outre, l'ensemble bénéficie de cascades époustouflantes et d'effets spéciaux artisanaux de qualité. Ce premier volet demeure une œuvre incontournable et indispensable pour le cinéphile ou l'amateur de divertissement de haute volée. Son succès engrangera un phénomène appelé "Indianajonesploitation" où des productions américaines et italiennes aux budgets modestes fleuriront sans arriver à la cheville de leur modèle.
La suite voit le jour en 1984, Indiana Jones et le temple maudit où cette fois-ci, l'aventure a un nom et s'ancre dans une légende indienne. Chronologiquement antérieur aux Aventuriers, ce second opus se veut plus sombre voire plus violent en abordant le thème de l'esclavage des enfants et même Indy passe de l'autre côté du miroir en dévoilant une facette bien peu fréquentable, n'hésitant pas à malmener ses deux compagnons de route qui sont ici plus des faire-valoir. Toutefois, cet aspect est contrebalancé par un effet comique renforcé où Harrison Ford s'amuse parfois à tourner en dérision son personnage et le film donne l'impression de parodier son modèle notamment le duel avec le manieur de sabre. Les scènes d'action optent souvent pour la surenchère comme la poursuite en mini-wagon dans la mine ou le combat sur le pont de cordes mais ces péripéties restent époustouflantes à l'écran. Par ailleurs, Steven Spielberg rend un hommage trépidant à la saga James Bond dans la séquence d'ouverture au Club Obi Wan. Ce grand spectacle tient en haleine de bout en bout, traversé une nouvelle fois par les incroyables élans de bravoure et plongeant le spectateur dans une véritable immersion grâce à l'exotisme des décors.
En 1989, Indiana Jones et la dernière croisade humanise davantage le personnage en décrivant les relations compliquées entre Henry Jones et son fils. Indy révèle une grande sensibilité et se met en quête de la coupe sacrée (tel un chevalier de la table ronde) mais aussi du chemin vers la réconciliation avec son père dont le comportement distrait évoque quelque peu celui du professeur Tournesol. Tout comme son rejeton, il est passionné par les antiquités et incarné par un fabuleux Sean Connery, l'ex-James Bond en personne. Leurs tempéraments opposés offrent d'ailleurs de savoureuses répliques et de beaux moments d'émotion. Le spectateur découvre également son père spirituel au look de baroudeur qui lui offre son feutre, une transition assez habile s'opérant entre deux époques par chapeau interposé. Le scénario reprend le schéma narratif de la première aventure à savoir la scène d'ouverture avec chasse au trésor à la clé, les péripéties avec les nazis, la poursuite dans le désert et le final mystique. Un prologue qui dévoile les premiers pas d'archéologue du héros ici joué par feu River Phoenix qui fut le partenaire d'Harrison Ford dans Mosquito Coast. La trilogie se termine en apothéose sur un magnifique plan de quatre cavaliers galopant vers un soleil couchant.
Haletante, passionnante et même romantique, la trilogie continue de faire rêver. Son succès tient dans ce mélange d'évènements historiques, de mysticisme et de légendes où se croisent le fantastique, l'aventure, le suspense sans oublier l'humour omniprésent. Les aventures d'Indiana Jones appellent constamment à retrouver son âme d'enfant et être émerveillé devant ses exploits. Toutefois, il faut garder en mémoire qu'il déteste être appelé "Junior".
La saga d'Indiana Jones ne saurait être complète sans le génie créatif de John Williams dirigeant l'orchestre symphonique de Londres. Le compositeur reprend le principe du Leitmotiv (un thème/un personnage) cher à Star Wars pour imaginer des partitions qui rappellent les grandes envolées de Miklos Rozsa (Ben-Hur) ou de Maurice Jarre (Lawrence d'Arabie). Trépidante, envoûtante et lyrique, cette sublime musique rythme les exploits du héros et transcende souvent l'image. A l'écoute de la marche des aventuriers, du thème de Marion, de la parade des enfants esclaves, toutes les notes prennent une résonance particulière et accentuent l'intensité de chaque scène. Le spectateur est emporté dans une atmosphère de dépaysement totale à l'instar d'un véritable passeport pour l'évasion. La preuve en est que John Williams avait été nominé aux Oscars pour la bande originale des trois films en plus d'avoir un immense répertoire constitué des bandes sonores de Star Wars, Superman, E.T. ou Les Dents de la mer pour les plus connues.

SELECTION AUDIO
Des thèmes issues des bandes originales de Les Aventuriers de l'Arche perdue (1, 2 et 3), Indiana Jones et le Temple Maudit (4 et 5) et Indiana Jones et la dernière croisade (6 et 7) :
  1. The Raiders March
  2. Marion's Theme
  3. The Map Room Dawn
  4. Nocturnal Activities
  5. Slave Children's Crusade
  6. Scherzo for Motorcycle and Orchestra
  7. The Keeper of the Grail

UN LOGO CULTE
Créé par Mike Salisbury et colorisé par Willardson White, le logo est empreint d'une certaine dynamique qui est héritée des couvertures de pulps et des écrans d'introduction de serials. Dans les années 80, ce style de typographie est apparu sur les affiches de films d'aventures à petit budget principalement américains et italiens où sont mis en évidence des titres sur un dégradé de couleurs chaudes. Une esthétique commerciale qui était censée mettre le produit en valeur pour attirer le spectateur.
Croquis préparatoires
Versions officielles au format PNG (cliquer pour la taille originale)
Logos français et alternatifs détourés au format PNG (cliquer pour la taille originale)

ET SI TOM SELLECK AVAIT INCARNE INDY ?
En 2021, le Youtubeur Shamook avait impressionné les fans de Star Wars en utilisant l'intelligence artificielle pour la technologie du deepfake (hypertrucage) afin de créer une version rajeunie de Luke Skywalker meilleure que celle de la série The Mandalorian. Depuis, il a été embauché par Lucasfilm pour rejoindre Industrial Light & Magic. Sa chaîne propose de nombreuses vidéos dont une qui reprend quelques scènes de la trilogie où Harrison Ford est remplacé par Tom Selleck.